interview nymphomane

Axel, une femme de 36 ans, a partagé son expérience de nymphomanie lors d’une interview franche et sans tabous. Depuis son adolescence, elle a été confrontée au regard jugement des autres. Cependant, grâce à l’accompagnement d’un spécialiste et au soutien de son mari, elle a réussi à vivre sa pathologie avec sérénité. Axel a accepté de lever le voile sur la nymphomanie, un sujet encore largement méconnu du grand public.

Qu’est-ce que la nymphomanie ?

Qu’est-ce que la nymphomanie ? Qu’est-ce qui différencie une personne qui aime le sexe d’une nymphomane ?
La nymphomanie se caractérise par un désir sexuel constant. Contrairement à une femme qui peut simplement apprécier le sexe et avoir des périodes de pause où elle ne pense pas activement à la sexualité, une nymphomane ressent en permanence le besoin de satisfaction sexuelle. Pour elle, le sexe n’est pas seulement un acte physique, mais une partie intégrante de sa vie. Lorsqu’elle rencontre un homme, son désir s’éveille instantanément, et la simple idée de ce qu’elle pourra partager avec lui éveille son excitation. C’est une expérience intense où son corps réagit avec une humidification du vagin et une pulsion sexuelle difficile à maîtriser.

Est-ce un état constant ou un fonctionnement par « crises » ?
C’est un état constant et vivable mais avec des moments de crise, surtout pendant l’ovulation. Et là, ça devient plus problématique.

La nymphomanie passe-t-elle aussi par des masturbations fréquentes ?
Oui, la masturbation occupe une place tout aussi importante que les rapports sexuels eux-mêmes. Personnellement, je trouve du plaisir dans la masturbation et j’en fais plusieurs fois par jour. Il m’arrive même de vivre des expériences audacieuses, comme me promener en ville en portant une culotte vibrante. Les sensations intenses qu’elle provoque sont si puissantes que je suis parfois contrainte de m’arrêter et de la retirer pour pouvoir continuer ma journée. Ces moments de plaisir solitaire sont pour moi une façon de m’explorer et de m’offrir des sensations intenses et libératrices.

Les origines

A partir de quel âge vous êtes-vous sentie nymphomane ?
J’ai sans doute toujours eu des prédispositions. Entre 12 ans et 15 ans, je me masturbais d’abord tous les soirs puis aussi le matin et dans la journée. Parfois à un rythme encore plus soutenu, suivant les regards gourmands qui se posaient sur moi et que je provoquais, par ma façon de m’habiller ou les poses soi-disant accidentelles que je prenais.

Est-ce qu’un élément aurait pu être à l’origine de votre pathologie ?
Vers 18 ans, j’ai eu un petit ami qui appréciait beaucoup la fille un peu « exhibe » que j’étais. Pour mes 20 ans, il m’a offert un cadeau qu’il a qualifié d’ « hors du commun et inoubliable ». Lorsque je suis arrivée chez lui et qu’il m’a conduite au salon, j’ai été surprise de voir qu’il y avait beaucoup de monde. Il m’a alors annoncé avec assurance : « C’est ton anniversaire, tu as 20 ans aujourd’hui, alors je t’offre vingt garçons rien que pour toi ». Bien sûr, j’étais libre de refuser, mais étrangement (et je ne parviens toujours pas à l’expliquer), j’ai décidé de rester, consciente de ce qui allait se dérouler. Cette « fête » s’est prolongée pendant une dizaine d’heures, et je dois admettre que j’ai énormément apprécié ce qui s’est déroulé durant cette soirée.

Nymphomanie et plaisir

La nymphomanie vous a-t-elle encouragée à avoir des relations sexuelles avec des hommes qui ne vous plaisaient pas ? Peut-on parler de « sexe pour le sexe » ?
C’est vraiment une relation purement sexuelle, quelque chose de compulsif. J’ai souvent des rapports sexuels avec des hommes qui, autrement, ne m’auraient même pas attirée.

Avez-vous un « besoin » vital de sexe, plus qu’une simple envie ?
C’est aux antipodes d’une simple envie. C’est aussi important que de respirer.

Prenez-vous beaucoup de plaisir dans ces moments-là ? Ou les rapports sont-ils frénétiques et dénués de jouissance ?
Je vous partage l’interprétation du psychologue que j’ai consulté. Il identifie deux types de nymphomanes. Tout d’abord, il y a celles qui recherchent le plaisir à travers de multiples relations sexuelles, mais qui le trouvent rarement, voire jamais. Ensuite, il y a celles qui éprouvent des orgasmes multiples, voire ininterrompus, et qui, une fois qu’elles atteignent cet état, ne désirent que le prolonger. Elles cherchent à rester dans cette euphorie qui leur donne l’impression de flotter à un mètre du sol, comme si elles marchaient sur des nuages. C’est un peu comme une drogue qui les transporte dans un monde parfait où tout est oublié. Je fais partie de cette deuxième catégorie de nymphomanes.

Et l’amour ?

La nymphomanie vous empêche-t-elle de rester avec un seul homme ?
Il est impossible pour une nymphomane d’avoir une seule relation sexuelle avec un seul homme tout au long de sa vie.

Etes-vous déjà tombée amoureuse d’un homme que vous avez du quitter à cause votre pathologie ?
Mon premier petit ami, celui qui a été à l’origine de tout, a mis fin à notre relation à cause de cela. Cependant, il y a onze ans, lors d’une soirée où j’avais deux amants simultanément, l’un d’eux a éveillé en moi bien plus qu’une simple attirance sexuelle. Heureusement, il ressentait la même chose. Depuis ce jour, nous n’avons jamais été séparés. Il est le seul homme dans ma vie qui m’ait acceptée telle que je suis, sans vouloir que je change. Nous vivons un amour parfait et je ne l’ai jamais trompé sentimentalement, tout en préservant ma liberté sexuelle totale, ce qui ne le dérange absolument pas.

Cherchez-vous un peu d’affection derrière ces relations d’un soir ?
Non, mon seul objectif est de rechercher du plaisir sexuel et l’orgasme. Je suis comblée sur le plan sentimental avec l’homme de ma vie, et c’est tout ce qui compte pour moi.

Nymphomanie et souffrance

Ressentez-vous de la culpabilité ou les autres sont-ils vos seuls juges ?
Je n’ai aucun sentiment de culpabilité en ce qui me concerne, mais pendant longtemps, le regard et les commentaires des autres m’ont profondément dérangée.

Avez-vous subi moqueries et jalousies ?
Des moqueries, très peu. Des jalousies, plus qu’il n’en faut. La plupart provenaient des femmes, qu’elles soient mariées – par peur que je leur ravisse leur mari – ou célibataires – par crainte que tous les hommes ne tournent qu’autour de moi.

Cachez-vous votre nymphomanie à votre entourage ?
Ma famille n’est pas au courant de ma pathologie. Je l’ai toujours gardée secrète, non pas par honte, mais par souci de les préserver. Tout le monde ne possède pas la même ouverture d’esprit pour comprendre ma façon de vivre.

Avez-vous perdu des ami(e)s à cause de la nymphomanie ?
Effectivement, j’ai perdu de nombreuses amies en cours de route. Cependant, depuis que je suis en couple, les choses se sont nettement améliorées. Mon partenaire me rassure et j’essaie de m’assurer que les hommes que je rencontre n’ont aucun lien avec une épouse que je connaitrais, de près ou de loin.

Avez-vous envie de changer ?
Il est difficile de donner une réponse tranchée. Mais, finalement, pourquoi est-ce que je devrais changer de vie, si elle m’apporte autant de satisfaction ?

Quel message voulez-vous faire passer à ceux qui ne connaissent pas la nymphomanie et qui s’en moquent ?
Je voudrais que les gens comprennent que la nymphomanie n’est en aucun cas une déviance sexuelle. Nous ne sommes pas des dépravées ou des vicieuses, simplement des femmes dont l’appétit sexuel est insatiable. A l’instar d’une femme obèse, d’un pied bot, ou de n’importe quelle maladie, la nymphomanie n’est qu’une pathologie comme une autre. Et surtout, il est essentiel que les gens comprennent que, bien que certaines nymphomanes comme moi vivent cela très bien, une grande partie d’entre nous en souffre énormément, souvent à cause du jugement des autres.