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De nos jours, de plus en plus d’hommes consultent un sexologue en raison d’une baisse de leur désir. Avec l’arrivée de l’été, qui est la période idéale pour relancer la machine, la sexologue Ghislaine Paris partage ses conseils afin de profiter pleinement des vacances.

Voyez-vous réellement plus d’hommes défiler dans votre cabinet ?

Ghislaine Paris – La majorité de nos patients sont encore des femmes, mais au cours de la dernière décennie, nous avons constaté une augmentation significative du nombre d’hommes qui franchissent la porte des cabinets de sexologie, sans ressentir de honte. En 2003, j’ai mené une étude avec un échantillon de 110 patients, où la proportion d’hommes consultant était de seulement 3 %. J’ai répété la même étude au cours des six derniers mois, avec le même nombre de participants, et le résultat a montré que la proportion d’hommes est désormais de 10 %. Même si le manque de désir peut ébranler leur masculinité, ils osent reconnaître le problème et chercher de l’aide. De plus, leurs partenaires les encouragent à consulter…

Ils consulteraient donc majoritairement à cause de leurs femmes ?

C’est le cas pour environ 50 % des hommes qui consultent. Parmi eux, la moitié sont même « poussés » par leur partenaire. Un de mes patients m’a clairement expliqué que sa femme lui avait donné un ultimatum : c’était soit régler le problème, soit divorcer ! C’est d’ailleurs elle qui a pris rendez-vous pour lui. Auparavant, les hommes dissimulaient leurs troubles ou en parlaient avec leurs amis, car leurs compagnes ne se plaignaient pas, ou peu. Mais maintenant, les femmes exigent leur propre satisfaction, et lorsque celle-ci n’est pas atteinte, elles veulent que le problème soit résolu rapidement. Les hommes qui viennent volontairement consulter sont rares, on peut les compter sur les doigts d’une main, et la plupart d’entre eux sont mariés. En ce qui concerne les célibataires, ils ne sont pas encore prêts, à mon avis, à franchir le cap de parler de sexualité avec un spécialiste.

Pour quels types de problèmes vous consultent-ils la plupart du temps ? Un manque de désir qui les amène à fuir l’acte sexuel ou des pannes à répétition ?

J’ai toujours eu des hommes plus âgés qui venaient me consulter pour des problèmes d’érection. Mais ce qui est intéressant, c’est que 40 % de mes patients actuels ont moins de 40 ans et viennent me voir en raison d’un manque de libido. Ces hommes jeunes ressentent le besoin de discuter de leur état psychologique avant d’aborder plus spécifiquement leur baisse de désir. Récemment, l’un d’entre eux m’a dit : « Dans mon couple, c’est moi qui ai la migraine ». Il se sentait mal de devoir trouver des excuses, mais il ne trouvait pas envisageable d’annoncer à sa partenaire que sa libido était en baisse.

Comment expliquez-vous cette baisse de désir chez ces hommes jeunes ?

Plusieurs facteurs méritent d’être pris en considération, dont la crise actuelle qui en fait partie intégrante. Pendant des décennies, l’homme a associé sa virilité à son travail et à sa capacité à subvenir aux besoins de sa famille. La simple capacité à assurer financièrement était considérée comme un signe de puissance. Cependant, l’atmosphère morose de notre époque peut générer un sentiment d’échec chez les hommes. De nos jours, les femmes travaillent également et elles attendent de leur partenaire qu’il soit présent sur de multiples fronts : s’occuper des enfants, participer aux tâches ménagères tout en contribuant financièrement au foyer. Les hommes peuvent se sentir dépassés par ces attentes multiples.

Les vacances d’été peuvent-elles suffire à se reconnecter ?

L’été offre une occasion idéale pour raviver le désir. Avec le ralentissement de l’activité professionnelle, les hommes ressentent moins de pression. Il est essentiel de profiter de cette période pour combattre le principal ennemi de la sexualité : le stress. Je conseille souvent à mes patients de prendre leur temps, de ne pas se précipiter et de ne pas se fixer d’objectifs sexuels qui pourraient finalement étouffer le désir. Il est important de laisser les choses se faire naturellement et de laisser le plaisir s’épanouir sans pression.

Comment faire, concrètement, pour redonner toute sa place à la sexualité pendant l’été ?

Les hommes sont souvent stimulés visuellement, tandis que les femmes ont une approche plus cérébrale de la sexualité. Pendant l’été, les hommes peuvent être attirés par les corps dénudés. Il est important de rétablir la sensualité et la séduction au sein du couple, en encourageant la femme à prendre soin d’elle et à se sentir belle. Cependant, il est essentiel de ne pas succomber au piège du syndrome du corps parfait. Si la femme se met trop de pression et se laisse submerger par des complexes, cela risque d’étouffer le désir. Il est primordial de cultiver une image positive de soi et de se concentrer sur le plaisir et la connexion avec son partenaire, plutôt que sur des standards irréalistes de beauté physique.